SantéVet : Hamap* International, ADMA**, Femmes pour Toujours, Green Peace, Secours Populaire… vous vous engagez pour de nombreuses causes autres que celles des animaux. Quelles sont vos révoltes, vos combats ?
Mylène Demongeot : HAMAP, dont je suis devenue la marraine après le décès de mon mari Marc Simenon en 1999, était au départ concentrée sur le déminage. Mais très rapidement, elle s’est agrandie en ajoutant ingénierie, éducation et santé. Le patron, Joël Kaigre, et de nombreux bénévoles, font un travail remarquable.
ADMD, association conduite par Monsieur Roméro, me tient à cœur tout particulièrement. En effet je pense que ce que nous, humains, faisons pour un animal que nous aimons profondément, c’est-à-dire l’aider à mourir lorsque nous le voyons souffrir ou quand nous apprenons sa mort inéluctable. Je veux qu’il en soit de même pour moi. Je réclame le droit de décider de mon départ et d’avoir la possibilité d’être assistée au moment du grand voyage. Pourquoi la France est-elle en retard sur ce droit, alors que d’autres pays l’ont déjà intégré ?
Femmes pour toujours explique aux femmes que la vie n’est pas finie après la ménopause, bien au contraire ! La femme est libérée de certaines contraintes, et la vie sexuelle n’est pas morte… loin de là. Beaucoup de femmes ne le savent pas.
Green Peace mène des combats magnifiques. Je suis pleine d’admiration pour leur courage et leur audace.Le Secours Populaire est une association elle aussi exemplaire. Je réponds toujours à leur demande, quand je le peux.
Je fais aussi partie de la Fondation Bardot et de l’association L214 qui se bat avec force contre l’élevage en batterie, la souffrance animale. Je suis aussi la marraine très active du CEPAN, centre de Sauvegarde et de protection de la faune, qui fait partie de Refuge de L’Arche, à Château-Gontier.
« Je fais partie des mammifères, et je me bats pour protéger les plus faibles d’entre eux. »
SantéVet : Pour les animaux, vous soutenez donc diverses associations dont Vénus. Qu’est-ce qui vous motive à prendre leur défense ?
Mylène Demongeot : C’est lors de la présentation de Camping à Bordeaux qu’ils sont venus me rencontrer, et me demander d’être leur marraine. Je les ai prévenus honnêtement qu’habitant Paris, je ne voyais pas très bien ce que je pourrais faire pour eux, à part les aider financièrement, mais que s’ils avaient besoin de moi pour une cause précise, je serais là.
SantéVet : Vous menez vos combats avec beaucoup de discrétion, sans « tapage ». Lorsque l’on défend les animaux, est-il facile de faire entendre sa voix ?
Mylène Demongeot : J’ai la chance d’avoir rencontré et engagé une merveilleuse attachée de presse, la ravissante (en plus !) Emilie Imbert, et à nous deux, lorsque j’ai besoin de me faire entendre, elle fait un sacré bon boulot !
« Ces combats font partie de ma vie, tout simplement. »
SantéVet : Finalement, personne ne peut vous faire le reproche de délaisser les humains au profit des animaux. Est-ce facile de s’engager dans autant de luttes ?
Mylène Demongeot : Ces combats font partie de ma vie, tout simplement. Lorsque j’ouvre un journal trop souvent je bondis, je m’énerve… ce monde est cruel et absurde… Pas seulement pour les animaux ! Alors, je gueule !
SantéVet : Quelles sont vos "victoires" ?
Mylène Demongeot : Ça vraiment je ne sais pas. J’ai plutôt l’impression d’apporter ma petite pierre à l’édifice…
SantéVet : En France, l’animal est considéré comme un bien meuble. Est-ce un statut qu’il conviendrait selon vous de modifier ?
Mylène Demongeot : Là, vous touchez un point qui me rend malade de rage ! Un "bien meuble", c’est un véritable scandale ! Je souhaiterais contacter un monsieur qui a écrit un petit livre remarquable qui s’intitule « Le droit de l’animal ». Il en parle longuement, et aussi de la différence entre le Code Rural et le Code Civil. Le code Rural reconnaît la souffrance animale, pas le code Civil. C’est aberrant ! Je voulais donc rencontrer l’auteur de ce livre. J’ai cherché sur Internet et découvert qu’il était devenu président de la cour d’Appel à Paris, et quand j’ai essayé de le contacter, il avait pris sa retraite ! Grande déception de ma part.
Je ne sais plus à qui m’adresser d’assez puissant pour être capable de faire changer les choses. Je ne crois pas une seconde aux politiques. Ils sont bien trop occupés par leur carrière pour s’intéresser à autre chose qu’à eux-mêmes, et peut-être que nous ne sommes pas assez nombreux pour représenter un nombre de votants intéressants.
SantéVet : Dans l’affaire de Bordeaux pour laquelle vous vous exprimez [lire notre article en cliquant sur le lien], comment expliquer la décision du Procureur qui ordonne la restitution des chiens ? Est-ce cela qui vous choque le plus ?
Mylène Demongeot : C’est incompréhensible ! Je ne m’explique pas cette décision. C’est d’une indifférence incroyable… Je n’aimerais pas rencontrer ce Monsieur ! Dommage qu’il n’y ait pas "d’entarteur" à Bordeaux !
SantéVet : Quels rapports entretenez-vous avec les animaux ?
Mylène Demongeot : Ce sont mes compagnons. Mes cinq chats font partie de ma famille. Je les aime, je les protège, je me fais du souci pour eux… L’autre jour, un de mes chats a disparu pendant trois jours. C’était l’affolement général. Nous en étions tous malades… et monsieur a pointé son museau, tout tranquille ! Nous étions tellement contents que nous ne l’avons même pas grondé ! Quand je dis nous, c’est mon fidèle assistant Didier et tous nos amis qui sont partis à sa recherche…
Là, je parle de mes cinq chats, mais avant, lorsque j’étais jeune et inconsciente, j’ai adoré tous les animaux qui ont vécu à mes côtés, et surtout mes merveilleuses petites chipies de mangoustes (africaine, rayée). J’en ai eu sept en vingt-cinq ans, et elles m’ont rendu dingue, tout comme mon renard, mon lion… J’ai d’ailleurs écrit deux livres sur mes animaux : Animalement vôtre et Les animaux de ma vie illustré par mon amie Catel Muller, qui vient de publier un roman graphique formidable : Olympe de Gouge.
« J’aurais aimé avoir des loups. »
SantéVet : Comment gérer cela au quotidien ? D’où viennent ces choix ?
Mylène Demongeot : C’était un sacré boulot à plein temps. Le grand responsable est mon mari adoré, qui aurait voulu adopter tout ce qui bouge ; jusqu’aux araignées… Là, tout de même, je disais non ! Mais nous avons très sérieusement pensé à une époque, fonder un zoo. Nous étions vraiment fous ! Moi, j’aurais aimé avoir des loups comme la pianiste Hélène Grimaud. Aujourd’hui, grâce à la famille Huchedé, et au Refuge de l’Arche qui recueille toutes sortes d’animaux et d’oiseaux qu’ils sauvent, je suis comblée.
SantéVet : Avec quels animaux vivez-vous aujourd’hui ?
Mylène Demongeot : Comme je l’ai dit plus haut, cinq chats, plus les quatre de mon assistant, cela en fait neuf. D’ailleurs, je vais m’investir dans une nouvelle cause à Château-Gontier, les "Restaus des Chats". Vous en entendrez sûrement parler dans les mois qui viennent !
SantéVet : En France, l'assurance santé animale permettant aux maîtres de faire face aux dépenses vétérinaires se développe (4 % y ont souscrit). Connaissez-vous ce type de « mutuelle chien ou mutuelle chat » et qu’en pensez-vous ?
Mylène Demongeot : Si vous en avez les moyens, que du bien ! Il arrive parfois que vous deviez faire face à des opérations lourdes… La mutuelle est la bienvenue.
SantéVet : Enfin, quelle est votre actualité en tant qu’artiste en ce moment et quels sont vos projets ? Ainsi que vos futurs engagements…
Mylène Demongeot : Je viens de tourner dans un film d’Emmanuelle Bercot, Elle s’en va, avec Catherine Deneuve, et là je termine Les Galériens, un film pour France 2, avec Daniel Prévost et Camélia Jordana. Puis, je ferai un saut dans le Midi pour le Festival de Hyères, et j’irai à Porquerolles voir ce que devient notre petite association qui protège les chats sauvages de Porquerolles. Et ensuite retour à la campagne fêter mon anniversaire, le 29 septembre, avec mes amis les plus fidèles, chats compris… et en octobre, je plante !
Propos recueillis par Claude Pacheteau
* Halte aux Mines Anti-personnelles.
** Association pour le droit de mourir dans la dignité.
Biographie en bref…
Mylène Demongeot a débuté à quinze an une brève carrière de top model et suivra des cours dʼart dramatique.
Après avoir joué quelques petits rôles dans diverses comédies, elle passe au drame en interprétant, aux côtés dʼYves Montand et de Simone Signoret, “Abigail” dans “Les sorcières de Salem” (1957). Ce film fait dʼelle une vedette du jour au lendemain. Elle obtient plusieurs récompenses à lʼétranger.
Mylène Demongeot jouera dès lors avec les plus grandes stars et comédiens dans une soixantaine de films parmi lesquels : “Sois belle et tais-toi” de Marc Allegret ; “Bonjour tristesse” dʼOtto Preminger ; “Faibles Femmes” de Michel Boisrond ; “Les Garçons” de Mauro Bollolini ; “Le Cavalier Noir” de Roy Becker ; “Les Trois Mousquetaires” de Bernard Borderie ; la série des “Fantomas” dʼAndré Hunnebelle.
En 1966, après avoir rencontré et épousé Marc Simenon, fils aîné de lʼécrivain, ils créeront leur propre société et coproduiront quatre longs métrages réalisés par Marc.
Elle publie son premier livre Les Lilas de Kharkov histoire de la vie de sa mère Ukrainienne Clavdia Troubnikova. puis, sa propre biographie, Tiroirs Secrets ; Le Piège ; Animalement vôtre et Les animaux de ma vie illustré par Catel.
Après le décès accidentel de Marc Simenon, elle reprend sa carrière cinématographique avec “36” de Olivier Marchal (nomination pour le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour son interprétation). En 2009, elle recevra le grade de Commandeur des Arts et Lettres.
A visiter : le site officiel de Mylène Demongeot : www.mylene-demongeot.fr
SantéVet
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