Un orage qui éclate, des pétards qui sont lancés, un feu d’artifice qui est tiré et c’est la panique ! Le chat se réfugie sous le lit ou sous un meuble. Le chien tremble de tous ses membres… Pourquoi ces phobies et ces peurs ? Et quelles solutions pour calmer vos compagnons face à ces moments de stress intense ?
Face à un chien peureux ou à un chat stressé par divers bruits (orages, pétards, feux d'artifice, etc.), les maîtres ont beau tenter de les rassurer, rien n’y fait !
Ne pas lui communiquer votre stress !
Si l’on peut essayer de détourner l’attention de l’animal en cas de stress (voir encadrés), rien ne sert de chercher à le protéger et à le rassurer à tout prix. Cela ne fait bien souvent qu’augmenter sa peur.
En plus du bruit qui l’effraie, le chien ou le chat peut aussi ressentir la « panique » du maître. Ce qui ne fait que rajouter à son malaise !
Une étude menée en Nouvelle-Zélande a estimé que 46 % des animaux présentent des réactions de frayeur face aux feux d’artifice et aux pétards suffisamment intenses pour que leurs propriétaires les remarquent.
Les propriétaires de chiens ont donné dans cette étude une note supérieure à celle des propriétaires de chats quant à l’intensité de la peur, mais la durée de l’état de frayeur ne diffère pas selon l’espèce.
Si certains chiens, comme ceux de chasse ou ceux soumis à des épreuves de travail ou à des tests de caractère, sont rompus aux bruits de coup de feux, tous les chiens sont loin de rester stoïques face à de nombreux bruits extérieurs ! Il en est de même pour les chats.
A faire…
- Fermer les fenêtres.
- Laisser le chien ou le chat se réfugier dans un coin où il cherchera à se mettre en sécurité. Tenter de lui proposer un endroit qui le sécurise, comme sa caisse de transport, par exemple. Mais là, seul lui décide ! Attention : un chien ou chat face à la peur peut mordre, griffer ou avoir une réaction inattendue.
- Demander conseil au vétérinaire qui peut prescrire un traitement afin de calmer l’animal apeuré en cas de forte sensibilité. Les vétérinaires spécialisés en homéopathie ou phytothérapie peuvent proposer des solutions. Les vétérinaires comportementalistes aussi.
- Chez le chat, on pourra avoir recours à un diffuseur de phéromones naturelles à l’effet calmant (existe sous forme de collier ou de cachets aussi pour le chien).
- Utiliser un CD de bruits pour faire écouter au chien ou au chat divers sons (ceux dont ils ont peur) en augmentant progressivement, de jour en jour, le volume. Durant la diffusion, détourner l’attention du chien ou du chat : jeu, jouet, friandise, etc. Ce n’est pas une recette ‘’miracle’’, mais des maîtres ont obtenu de bons résultats en procédant de la sorte.
… à ne pas faire
- Imposer à son chien une sortie à un spectacle de type feux d’artifice ! Cela va de soi. On dit que lors de la socialisation du chiot il est important de lui faire découvrir des bruits. Il serait bien imprudent par contre de lui faire supporter de force un feu d’artifice, par exemple !
- Lui communiquer votre propre stress.
Peur des orages, des pétards, etc. : ça se soigne !
Vous pouvez vous tourner vers un vétérinaire comportementaliste afin de trouver des solutions. Celui-ci éliminera tout d’abord l’éventualité d’une maladie pouvant tout à fait expliquer ce genre de comportement.
« Une phobie est une peur ‘’irraisonnée’’ face à un stimulus objectivement anodin, qui ne présente pas de danger réel », explique le Dr Valérie Dramard, vétérinaire comportementaliste*.
Chez le chien, par exemple, « la phobie des orages et des pétards est la plus classique. Mais certains chiens ont aussi peur de l’aspirateur, de personnes portant des uniformes ou même de certains de leurs congénères », poursuit-elle.
La peur se manifeste généralement par des halètements, des tremblements, parfois des ‘’pipis de peur’’ (on parle de mictions émotionnelles). « Certains animaux cherchent à se cacher dans un trou de souris au point de tout détruire ou de se blesser ; d’autres paniquent et fuient droit devant eux pendant des kilomètres », analyse encore le Dr Valérie Dramard. Ce qui n’est pas ans danger !
Pourquoi un animal devient-il phobique ?
« En général, c’est un traumatisme qui est à l’origine d’une phobie. Si la première fois que l’animal entend un pétard, c’est lors d’un feu d’artifice. Tout ce qui ressemblera à un feu d’artifice (pétard, coup de feu…) déclenchera chez lui la peur extrême qu’il a ressenti la première fois », poursuit le Dr Valérie Dramard.
Dans certains cas, un chien ou un chat se met à avoir peur d’un stimulus alors qu’objectivement celui-ci n’était pas si traumatisant ! « C’est parce qu’il se trouve à ce moment-là dans un état réactionnel tel, qu’il a peur de n’importe quoi. Un animal hypersensible (pas assez bien materné, anxieux, souffrant d’hypothyroïdie…), qui est toujours inquiet, hyper vigilant, risque de ressentir plus vite de la peur en présence d’un stimulus assez anodin. Un chiot ou chaton qui n’a pas été bien socialisé les premiers mois de sa vie - on parle de syndrome de privation sensorielle -, risque de développer des peurs à tout ce qu’il va découvrir ensuite. C’est le cas par exemple classique des chiens élevés en pleine campagne ou dans un chenil, adoptés après trois mois, et qui arrivent en ville. »
*Le Dr Valérie Dramard, est vétérinaire comportementaliste depuis près de 20 ans. Elle est l’auteure de très nombreux ouvrages et est, en outre, la fondatrice d’Apie Concept (Approches Positives Intuitives et Empathique pour mieux vivre avec son animal), qui propose des conférences et des journées de formation pratique sur le comportement du chien et du chat. Celles-ci sont destinées aux particuliers et aux professionnels.
À retenir
Pour bien habituer votre chiot ou chaton à un nouveau stimulus, il faut respecter 3 conditions :1 – Il doit être libre de pouvoir s’écarter du nouveau stimulus. S’il est coincé (parce qu’il est tenu en laisse, par exemple pour le chien) l’impossibilité de fuir augmentera l’intensité de sa peur.
2 – Le stimulus doit être d’intensité faible ou moyenne. Un petit pétard à plusieurs dizaines de mètres, oui, un feu d’artifice, non !
3 – La régularité du déclenchement des stimuli permet à votre animal de mieux s’habituer. Si c’est irrégulier et surprenant, il aura plus de difficultés.
Que faire ? Le conseil du Dr Valérie Dramard, vétérinaire comportementaliste
- Sur le coup. Quand un chien ou chat a peur, il devient sourd à tout. Il panique, donc il n’est pas raisonnable. « Inutile de le disputer, de lui donner des ordres, ou même de lui parler pour le rassurer, il n’entendra rien », assure le Dr Valérie Dramard.
- Essayez de le mettre dans un endroit plus confortable, là où il sentira qu’il est moins en danger : au calme ou dans l’obscurité, par exemple, et laissez-lui le temps de se calmer. S’il est impossible de le calmer, parlez-en à votre vétérinaire pour qu’il vous indique un produit à lui donner en cas d’urgence. « Toutefois, rien ne vaut une prise en charge complète pour soigner votre compagnon de sa phobie. »
- Les thérapies comportementales : « L’objectif de la thérapie comportementale est de désensibiliser le chien [ou le chat] à ce qui lui fait peur, de le réhabituer. Le principe consiste à présenter à l’animal le stimulus à une intensité très faible ; il ne faut pas qu’il réagisse, ou en tout cas ne montre de signes de peur. »
- Un CD de bruitage est généralement intéressant. Vous mettrez alors le volume au minimum, puis vous l’augmenterez très progressivement de jour en jour. Pour favoriser la « rééducation », vous pouvez jouer avec votre compagnon en utilisant son jouet préféré. Et pendant qu’il joue, vous lui présentez le stimulus à faible intensité tout en continuant à jouer comme si vous ne vous étiez aperçu de rien ! C’est la technique de ‘’contre-conditionnement’’.
- Les produits anxiolytiques. Si votre compagnon est très anxieux, et que les thérapies comportementales sont inefficaces ou que les phobies sont nombreuses, il faut l’aider à moins souffrir et a mieux participer à l’aide de thérapies et /ou des produits apaisants ou anxiolytiques. Demandez conseil à votre vétérinaire : phéromones apaisantes, homéopathie, fleurs de Bach ou compléments alimentaires apaisants sont intéressants en première intention. Si après un mois, il vous semble que rien n’y fait, qu’il n’y a pas de progression, consultez un vétérinaire comportementaliste qui établira alors un diagnostic précis et vous proposera une prise en charge adaptée au cas de votre animal.
Chiens et chats sentent l’orage arriver
Du point de vue de la météo et des changements de temps, voire de certaines catastrophes naturelles, chiens et chats pourraient grâce à leurs vibrisses (moustaches, sourcils) ressentir les variations et les différences de pression atmosphérique.
Des variations de pression peuvent en effet être déclenchées par les cellules orageuses. Ces vibrisses sont de véritables capteurs sensoriels.
Chiens et chats seraient également sensibles à l’émanation d'ozone qui se dégage au moment d’un orage.
Et les animaux, surement davantage ceux sauvages que domestiques comme les chiens et chats, sont plus à l’écoute du monde qui les entoure et donc plus sensibles à certains signaux.
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Photos : 123rf