Selon Eric Leroy, Directeur général du Centre International de Recherches Médicales de Franceville et grand spécialiste des maladies virales émergentes - en particulier de la fièvre hémorragique à virus Ebola -, il ne fallait pas euthanasier le chien Excalibur en Espagne et dont la maîtresse est porteuse du virus. Contacté par SantéVet, il s’explique.
L’euthanasie du chien Excalibur en Espagne (à l'inverse du chien du texas qui a été laissé en vie) est selon Eric Leroy, Directeur général du Centre International de Recherches Médicales de Franceville et grand spécialiste des maladies virales émergentes - dont le virus Ebola -, une grave erreur.
Selon lui, « il faut explorer, d’où l’intérêt potentiel que représentait ce chien ».
« On ne sait rien sur les chiens. »
« L’objectif, c’est de faire comprendre qu’on ne sait rien sur les chiens, c’est tout. Il ne faut pas aller plus loin dans l’interprétation sans études complémentaires. D’où la nécessité d’en savoir plus pour éclaircir ce point. »
Pour l’heure, malgré son souhait, aucune recherche complémentaire n’a été faite sur l’infection expérimentale chez le chien de manière générale.
L’euthanasie du chien n’était donc pas utile et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, « nous ne savons pas s’il était contaminé par le virus Ebola ». Il aurait été préférable de le placer en quarantaine comme le chien du Texas.
Un placement en isolement aurait dû être effectué
Ensuite, « comme chez l’homme, il suffisait de le placer en salle d’isolement et effectuer une surveillance médicale complète ».
Pour Erice Leroy, sur un plan scientifique et médical, l’euthanasie est regrettable pour plusieurs raisons : « De nombreux chiens vivent dans les villages des régions épidémiques d’Afrique où sévit actuellement la dramatique épidémie. Or le chien est un animal qui vit aux côtés des personnes et est à ce titre certainement exposé au virus. Nous ignorons si le chien peut être contaminé par le virus et si oui, s’il peut jouer un rôle dans la propagation du virus et devenir lui aussi une source de contamination pour les personnes. »
« Ce mode de contamination pourrait alors expliquer la contamination de certaines personnes qui n’ont jamais été en contact direct avec un malade. Afin d’adapter la lutte contre les épidémies chez l’homme, le rôle des chiens devient donc important. »
Le cas du chien espagnol était unique
« Le cas du chien en Espagne était donc unique », martelle Eric Leroy. « Un suivi virologique, biologique et médical du chien aurait pu être mis en œuvre et apporter un certain nombre d’informations majeures : le chien était-il infecté ? Si oui, l’infection est-elle symptomatique ou non symptomatique ? Si oui, quels sont les symptômes ? Le virus peut-il être excrété dans la salive, les fèces, les vomissures et ainsi être une source de contamination pour l’homme ou les autres animaux ? Au bout de combien de temps le virus est-il éradiqué du chien … »
SantéVet
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